Audace
L’être humain, normalement, est capable de faire beaucoup plus et mieux que ce qu’il croit, laissé à sa seule intelligence. Il se limite continuellement, parfois inconsciemment, par fausse prudence, par paresse, par manque de confiance en ses propres possibilités ou parce qu’il n’a pas développé progressivement ses talents - son corps, son intelligence, ses capacités - de façon à pouvoir saisir les occasions qui se sont présentées. C’est pourquoi, l’audace suppose que l’enfant ait appris à reconnaître ses propres possibilités et à les expérimenter. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra acquérir une confiance en soi raisonnable.
Parmi les conditions indispensables à l’audace, il en est une particulièrement importante. Je veux parler de la maîtrise du corps. Et cela pour deux raisons. Si l’on se laisse guider par ses instincts pour rechercher un plaisir superficiel, on ne distinguera jamais clairement aucun bien authentique. En second lieu, le corps a besoin de l’attention qui lui est due pour que les autres attributs puissent se développer normalement. La santé, la “bonne forme”, favorise les bonnes résolutions - à prendre et à tenir. Evidemment, cela ne signifie pas qu’une personne malade ne puisse être audacieuse, mais que celui qui peut disposer de la santé et de bonnes conditions corporelles doit faire le nécessaire pour les conserver, sinon, il mépriserait un instrument important pour entreprendre des actions en vue d’un bien authentique.
L’éducation physique est un sujet peut connu des parents. L’attention prêtée par la plupart des parents dans ce domaine prend généralement la forme de médicaments ou, au moins, de vitamines, lorsqu’ils en perçoivent le besoin chez leurs enfants. Mais ceux-ci ont aussi besoin de fournir des efforts dans la pratique d’un sport et d’autres activités nécessitant un effort physique et mental qui oblige le corps à faire plus qu’il ne ferait instinctivement. Le corps se maintient en forme par un exercice raisonnable et par une nourriture adéquate. En ce sens, il ne faut pas oublier l’importance d’un régime alimentaire équilibré, non seulement pour la santé physique, mais également pour le développement moral de l’enfant.
Il existe deux vices contraires à la vertu de l’audace : la témérité ou hardiesse et la pusillanimité ou lâcheté. Nous traiterons plus tard les problèmes liés au premier. Réfléchissons à présent sur la pusillanimité. La personne qui n’a pas confiance en ses qualités et capacités peut finir par être pusillanime, car elle n’ose entreprendre aucune action qui en vaille la peine. Nous avons vu que cette défiance peut naître de la réalité, comme elle peut être le fruit de l’imagination de l’enfant. En effet, il est possible que l’enfant n’ait objectivement ni qualités, ni capacités ; ou que celles-ci soient latentes, pas encore découvertes. Le rôle des parents est d’aider les enfants à découvrir toutes leurs potentialités. Nous avons parlé de l’aspect physique, mais il y en a d’autres dont il faudra s’occuper.
Il ne s’agit pas ici de faire le résumé de tous les domaines où l’éducation doit se faire. Je voudrais seulement faire le point pour aider les parents à réfléchir sur les multiples occasions de lutte pour se dépasser dont les enfants disposent. Il est souhaitable d’aider les enfants à approfondir dans une capacité ou une qualité spécifique, de telle sorte qu’ils puissent comprendre jusqu’où ils peuvent s’améliorer par leurs efforts et leur diligence. Il faudrait aussi les guider pour qu’ils fassent différentes expériences et connaissent ainsi l’éventail de leur possibilités et de leurs limitations.
De toutes façons, ce qui paraît indispensable, c’est que les enfants s’efforcent de développer toute une série de vertus humaines car, sans elles, l’audace est impossible. La personne agit audacieusement lorsqu’elle cultive une autre vertu, que ce soit la justice, la générosité ou la patience. En d’autres termes, l’audace augmente dans la mesure où l’on apprend à aimer en vérité.
Enfin, en ce qui concerne les conditions de l’audace, il faut rappeler que la personne se sentira d’autant plus capable de faire montre de cette vertu qu’elle sera soutenue par les autres. L’enfant peut être audacieux tout seul, ou il peut soutenir une action audacieuse entreprise par ses parents, ses frères et soeurs ou par la famille toute entière. La confiance, fruit de l’amour inconditionnel qui doit régner dans la famille, de la stabilité des relations et de la possibilité pour chacun d’être accepté dans ce qu’il a d’unique, génère les conditions pour que chaque membre puisse grandir avec son style personnel. L’unité de la famille promeut et, en même temps, résulte de la lutte de tous ses membres en faveur de nobles idéaux. La société, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de familles entreprenantes, de familles audacieuses.